Avec le retour de la Colorado en 2014, Chevrolet allait sans le savoir relancer le segment des camionnettes intermédiaires, alors en perte de popularité. Depuis, la demande pour ces modèles demeure très élevée, la clientèle ayant d’ailleurs changé au fil du temps. Parce que si, dans le passé, on s’adressait à de petits entrepreneurs ou des gens dont les besoins étaient d’abord utilitaires, il en va autrement aujourd’hui. À présent, ceux qui remorquent motoneiges, embarcations marines et roulottes, souhaitent également bénéficier d’excellentes capacités hors route. Voilà pourquoi les constructeurs multiplient depuis quelques années les modèles destinés à ce type d’exercice.
Récemment, on assistait toutefois à la naissance d’un nouveau segment chez les camionnettes. Ou du moins, au retour d’un segment cette fois modernisé, soit celui des compactes. Ford allait ouvrir le bal chez nous avec la Maverick, alors que Hyundai allait suivre le pas. Aujourd’hui, tout porte à croire que Chevrolet l’emboîtera bientôt, possiblement avec un véhicule répondant au nom de Montana. Il s’agit d’un modèle notamment vendu en Amérique du Sud mais qui pourrait, selon toute vraisemblance, faire le saut chez nous. Cela expliquerait peut-être ainsi pourquoi la nouvelle génération de la Colorado voit sa gamme passablement simplifiée.
Un seul choix
Alors voilà, il n’y a désormais qu’une seule configuration de carrosserie pour la Colorado. Terminé la cabine allongée et la possibilité d’une caisse longue! Seule la cabine multiplace avec caisse de 5,5 pieds est offerte, Chevrolet prétextant qu’il s’agissait ces dernières années de la majorité des ventes (plus de 80%).
En revanche, pas moins de cinq déclinaisons de la Colorado sont proposées, allant de la version WT (plus utilitaire) jusqu’à la très performante ZR2, que nous pourrons mettre à l’essai d’ici quelques mois. Entre les deux se trouvent les LT, Trail Boss et Z71, qui constitueront la majorité des ventes.
L’événement où Chevrolet nous a conviés était scindé en deux parties. D’abord, un essai éclair des versions WT et LT, puis, une journée complète composée de conduites sur et hors route au volant des Trail Boss et Z71. Celles-ci possèdent une suspension conçue pour s’aventurer un peu plus loin, notamment parce que rehaussée de deux pouces. Ce sont également des versions aux voies élargies et bénéficiant de plus de puissance et de couple, ce que recherchent les acheteurs.
Nouveaux moteurs
Chevrolet mentionne que la Colorado 2023 hérite d’une nouvelle structure. Est-elle réellement 100% nouvelle? Bien sûr que non. Les composants de suspension ont été revus et relocalisés, expliquant un empattement allongé de 7,8 cm. La nouveauté d’importance se situe sous le capot, où les précédentes mécaniques (V6 de 3,6 L, 4 cylindres turbodiesel et 4 cylindres de 2,5 L) cèdent leur place au quatre cylindres turbo de 2,7 litres. Un moteur que le public a pu découvrir dans la Silverado, et qui n’a pas fait l’unanimité. Il faut dire que Chevrolet allait jouer d’audace en greffant un quatre cylindres sous le capot d’une camionnette pleine grandeur, ce que personne d’autre n’a d’ailleurs jusqu’ici osé.
Maintenant, il semblait évident que ce moteur allait aussi être monté dans la Colorado, car il offre l’avantage d’un couple généreux et d’une puissance accrue. Sachez cependant que Chevrolet propose trois variations de cette motorisation, sur laquelle les ingénieurs viennent modifier les paramètres de programmation ainsi que quelques pièces techniques. D’abord, il y a les versions WT et LT : 237 chevaux et 259 lb-pi, en mesure de remorquer des charges atteignant 3 500 lb. Vient ensuite en option sur ces deux modèles, le moteur Turbo Plus, voyant sa puissance et son couple passer à 310 chevaux et 390 lb-pi. Cette mécanique, pouvant remorquer jusqu’à 7 700 lb et qui sera de loin la plus répandue, est offerte de série dans les Trail Boss et Z71. Puis, finalement, la Colorado ZR2 est mue par une variante de 310 chevaux mais dont le couple passe à 430 lb-pi.
Que retient-on de ce quatre cylindres? Son couple généreux, sa réaction rapide et son poids allégé de 80 lb par rapport au précédent V6. Vous dire que ses 310 chevaux impressionnent serait exagéré, puisque la nuance en termes d’accélération avec la variante de base ne semblait pas si drastique. Et puis, il est clair qu’en dépit des avantages techniques de ce moteur, on n’y retrouve ni la souplesse ni la sonorité du V6. À ce propos, les ingénieurs de GM mentionnent être fiers de la sonorité qui en émane, la qualifiant d’envoûtante. Euh…non. Pas du tout! Il s’agit du son d’un banal quatre cylindres GM, comme celui d’une Malibu. À la différence que l’on perçoit très bien le sifflement du turbocompresseur.
Pour l’heure, GM n’a pas encore dévoilé les cotes de consommation de ce moteur qui, sous le capot de la Silverado, se montre plus gourmand que le V6 de même cylindrée proposé chez Ford. Et il me faut admettre qu’au cours de notre essai sur route, alors que les conditions étaient idéales, la Colorado Z71 n’a pu faire mieux que 17,7 mpg, soit 13,2 litres aux 100 km. Rien de très impressionnant, considérant que la moyenne combinée de la précédente génération à moteur V6 était de 12,1 litres aux 100 km. J’ajouterais qu’au cours des deux présentations de cet événement, jamais l’économie de carburant n’a été abordée. Il n’a même pas été confirmé que ce quatre cylindres serait plus économique à la pompe que l’ancien V6, l’accent étant plutôt mis sur sa performance et son efficacité.
La plus raffinée
Chose certaine, les ingénieurs ont travaillé d’arrache-pied pour faire de la Colorado une camionnette plus conviviale et confortable. L’insonorisation est donc supérieure, notamment grâce aux arches de roue isolantes, alors que le confort de roulement est assuré par une suspension peaufinée qui amenuise de beaucoup le sautillement du train arrière. Freinage prompt et direction précise sont également au menu, mais il est clair qu’en optant pour la version Z71 dotée en option de roues de 20 pouces, la conduite devient un peu plus ferme. Il est donc préférable de s’en tenir aux roues de 18 pouces, clairement mieux adaptées à nos conditions routières.
En comparaison avec les actuelles Ranger, Gladiator, Frontier et Tacoma, on peut affirmer que la Colorado propose la conduite la plus raffinée. Et la bonne nouvelle, c’est que cela n’affecte pas pour autant les capacités hors route, franchement exceptionnelles. Il est d’ailleurs impressionnant de constater à quel point la suspension offre un grand débattement. Puis, Chevrolet a conçu la Colorado en prenant soin de créer un déflecteur avant amovible en un tournemain, de façon à pouvoir améliorer les angles d’attaque. Naturellement, les Trail Boss et Z71 proposent différents modes de conduite pour s’aventurer hors des sentiers battus, incluant un mode 4x4 automatique, que vous retrouverez aussi sur la version LT. En fait, seule la WT n’y a pas droit. Il s’agit également de la seule version à pouvoir être livrée avec deux roues motrices, et qui n’aura aucun équivalent du côté de GMC, avec la Canyon.
Ah, l’écran…
Visiblement technophiles, les stratèges de la marque ont insisté sur cette nouvelle instrumentation numérique et l’écran central de 11,3 pouces, avec intégration de l’assistant Google. Beaucoup plus moderne et de belle définition, il demande par contre un temps d’adaptation. Un écran qui intègre une multitude de fonctions, y compris les phares, dont la commande physique a été éliminée. Étonnant de faire passer cette fonction, pourtant primaire, dans l’écran central.
Comprenant Apple CarPlay et Android Auto sans fil, ce système intègre aussi une foule d’autres fonctions paramétrables, avec des sous-menus qui prendront clairement plusieurs semaines à apprivoiser. D’ailleurs, au moment de prendre la route, je souhaitais comme de coutume réinitialiser l’odomètre journalier et l’indicateur de consommation de carburant, un exercice qui m’aura pris, croyez-le ou non, plus de quinze minutes. Après moult tentatives et malgré l’assistance de trois employés de GM à « zigonner » sur les boutons du volant pour tenter un résultat, c’est finalement ma copilote qui aura trouvé la solution. Il fallait d’abord aller jouer dans les sous-menus de l’écran central et faire une demande d’affichage dans l’instrumentation du conducteur pour que cette fonction, accessible à travers un autre sous-menu, puisse y être. Une des trop nombreuses lacunes ergonomiques de ce système qui n’a en réalité pour objectif que de faire économiser des sous à son constructeur. Parce qu’à côté de boutons physiques et de véritables cadrans à aiguilles, ces écrans paramétrables bien moins chers.
Fort heureusement, l’habitacle est très bien conçu. Avec une console centrale offrant beaucoup de dégagement et de compartiments. Un intérieur qui accueille facilement quatre adultes dans un confort supérieur à celui de toute autre camionnette du segment. Évidemment, plus vous montez en gamme et plus la finition impressionne. Parce qu’en optant pour une version WT ou Trail Boss, vous obtiendrez du plastique et une finition primaire. Sachez que sur ces deux versions, il est impossible d’avoir des sièges chauffants, même en option. Une décision que l’on dit temporaire chez Chevrolet, et qui s’expliquerait sans doute par la pénurie de puces électroniques. Espérons que le tir soit rapidement corrigé, puisque pour certains acheteurs canadiens, cette fonction est plus importante qu’un gros écran numérique rempli de fonctions futiles.
Plus de muscle
Trop timide au goût de plusieurs et parce que la concurrence débarquera prochainement avec de nouvelles moutures également plus costaudes, Chevrolet a ajouté énormément de muscle au style de la Colorado avec une calandre et un capot plus agressifs, des ailes élargies donnant plus de tonus ainsi que des pourtours d’aile qui renforcent le look de la carrosserie tout en la protégeant. Le devant des versions WT et Trail Boss est plus basique que celui des LT ou Z71.
En terminant, soulignons que Chevrolet propose en option un battant arrière à angle d’ouverture réglable et dans lequel on retrouve un ingénieux compartiment de rangement. La marque offre également une caméra de soubassement, qui sera éventuellement livrable sur les versions Z71 et ZR2, de même qu’une foule d’accessoires permettant de personnaliser le véhicule.
Vendue à partir de 36 498 $ (transport et préparation inclus), la camionnette Colorado sera disponible chez les concessionnaires dès la fin mars. Un véhicule appelé à connaître beaucoup de succès et qui, en dépit de quelques irritants, constitue pour l’heure le choix le plus judicieux du segment. Reste à voir si Chevrolet (comme GMC) pourra tenir tête à la prochaine génération de Toyota Tacoma, qui demeure encore aujourd’hui, la plus populaire.